Jean Ferrat - Le coeur fragile

 

Si je meurs un beau soir d'hiverOn dira que c'est d'un cancerOu bien d'un truc à quelque choseIl peut se trouver des expertsQui décréteront au contraireQue c'était la tuberculoseC'est pourquoi je prends les devantsPour affirmer dès maintenantCroyez pas ces vieux imbécilesJ'avais une santé de ferJe n'avais qu'un petit traversJ'avais le c?ur un peu fragileLe c?ur fragileLes mains fébrilesLa bouche offerteJ'aurai vécuSans avoir cruL'île déserteEn attendantLe c?ur battantLa découverteJe veux dormirJe veux mourirLa porte ouverteQuand on prend tout d'un c?ur légerIl paraît qu'on vit sans dangerQue la mort longtemps nous éviteMais j'ai voulu croire au bonheurEt j'ai pris tant de chos's à c?urQue mon c?ur a battu trop viteAu lieu d'être un homme avertiQui se passionne au ralentiJ'ai pris le parti des poètesC'est en cherchant la toison d'orQue mon c?ur a battu si fortQuand j'y pense encore il s'arrêteLe c?ur fragileLes mains fébrilesLa bouche offerteJ'aurai vécuSans avoir cruL'île déserteEn attendantLe c?ur battantLa découverteJe veux dormirJe veux mourirLa porte ouverteOn me dira c'est pas sérieuxOn ne s'en va pas pour si peuIl faut des raisons bien plus fortesMais je n'ai pas d'autres raisonsDe mettre sous le paillassonLa petite clé de ma porteOn peut mourir tout doucementD'un petit baiser qu'on attendD'une voix froide au téléphoneD'un mot qu'on lance à bout portantD'une confiance qu'on reprendD'un amour qui vous abandonneLe c?ur fragileLes mains fébrilesLa bouche offerteJ'aurai vécuSans avoir cruL'île déserteEn attendantLe c?ur battantLa découverteJe veux dormirJe veux mourirLa porte ouverte